Transformer et agrandir une maison du 19ème siècle en maison passive… défi relevé!

Un réel défi, car les contraintes sont nombreuses: étanchéité à l’air, isolation, gestion des transferts de vapeurs d’eau etc..

Voici quelques aspects de ce chantier de maison familiale en auto-construction:

Etat des lieux, un projet atypique

Une maison en pierre du 19ème siècle mitoyenne avec une grange, une extension des années 60 en parpaing sont la base de ce projet d’extension/surélévation.

La transformer en habitat passif nécessite une attention particulière à l’étanchéité à l’air, une isolation renforcée, une ventilation bien gérée. L’approche bioclimatique sera un plus pour arriver à cet objectif. Les matériaux sont (tant que possible) bio-sourcés et à moindre impact environnemental (paille, bois local etc.).

J’ai effectué ce travail des premiers coups de crayons aux derniers coups de rouleaux. Parfois, j’organisais des chantiers participatif (merci à Twiza et à toutes les personnes venues aider).

Photos de la maison avant travaux

considérations bioclimatiques et principes constructifs

Cette maison bénéficie d’une exposition Sud avantageuse avec une vue dégagée à l’horizon. L’existant n’ayant des ouvertures qu’à l’est et à l’ouest, il a fallu redistribuer celles-ci au Sud pour éviter les surchauffes et bénéficier au mieux des apports solaires l’hiver.

Les vents dominants de sud ouest sont affaiblis par une haie et un verger et les vents froids du Nord sont aussi bloqués par la grange.

Une partie de l’existant est surélevé, et une extension ouest permet de bénéficier de volumes plus généreux et d’apports solaires importants.

Enfin l’environnement de la maison permet de subvenir aux besoins courants en vélo ou transports en commun.

Quelques caractéristiques:

Sur l’isolation

  • Extension en ossature bois et remplissage de bottes de paille  .
  • Isolation thermique par l’extérieur de l’existant en bottes de paille.
  • Isolation des toîtures avec 50cm de ouate de cellulose soufflée.
  • Isolation des sols avec 100mm de PU (entorse au bio-sourcé pour des raisons de coût)
  • Masse importante du volume habité ( estimée à200T) pour lisser les apports solaires.
  • Menuiseries  bois/alu triple vitrage.

Equipements énergie:

  • Puit canadien couplé à une VMC double flux
  • Poële bouilleur (9kw) pour l’ECS et chauffage d’appoint.
  • Panneaux solaire thermique pour l’ECS
  • Récupérateur de chaleur sur eaux grises

Autres équipements:

  • Assainissement individuel en phytoépuration (Aquatiris)
  • Récupération d’eau de pluie par cuve de 10m3

Divers:

  • Bardage en mélèze (Ambiance bois)
  • Sol du rez de chaussée en granito (béton poli, merci)

Isolation thermique par l'extérieur (ITE) en paille

L’existant est entièrement isolé par l’extérieur en paille. A certains points singuliers, de la laine de bois souple et rigide est utilisée.

Suivant les configurations, plusieurs principes constructifs sont utilisés (schémas de principes ci-dessous):

  • bottes glissées entre 2 montants d’ossature classique 50×150 avec rajout de laine de bois dans l’interstice (façade sud)
  • bottes glissées entre le mur et une ossature.

Ossature GREB adaptée

Le principe constructif est basé sur la technique du GREB. Mais ici pas de mortier, le contreventement est assuré par des panneaux de bois pour une économie de main d’oeuvre. Les descentes de charges ainsi que les charges de vents sont assurées par des poutres composites.

Isolation de toiture

La toiture est conçue en chevrons porteurs (poutres en I ) de 50cm de haut. Grâce à un film frein-vapeur armé, fixé sous ces chevrons ainsi que des tasseaux, supports de parement intérieur, on obtient des caissons qu’il est facile de remplir avec de la ouate de cellulose. Environ 3 tonnes de ouate ont ainsi été soufflées sur l’ensemble des toîtures. 

Enduit terre "maison"

Un rejointoiement des pierres ainsi que des enduits étaient nécessaires pour notamment assurer l’étanchéité à l’air des parois de murs de pierre. La terre du jardin (tuf) s’est révélée après tests particulièrement adaptée sans ajout de sable ni argile. Le choix s’est arrêté sur un enduit assez grossier pour le rejointoiement (particules <10mm) et plus fin pour les enduits de finition sur certains murs.

Application sur les joints: la terre est appliquée puis les pierres sont nettoyées

Production de l'enduit

Lors du remblaiement du puit canadien, la pelleteuse verse le remblai sur un tamis . Ce qui fait moins de 10mm remplit deux bigbags disposés sous le tamis; ce qui n’est pas tamisé tombe dans la tranchée.

Une autre version avec tamisage à la pelle, basée sur une bétonnière. Pratique pour de plus petites quantités.

Puit canadien

Un puit canadien aéraulique préchauffe l’air entrant en hiver . Cet air est ensuite distribué dans chaque pièce de vie par la VMC double flux.

En été, par forte chaleur, il permet de rafraichir l’air entrant .

Le principe du puit canadien est d’utiliser la température à peu près constante du sous sol (à 2m de profondeur). Un tuyau d’environ 50ml est enfoui dans le terrain. A la moitié de sa longueur, un regard avec une petite pompe permet d’évacuer les condensats. 

 

Etanchéité à l'air

Une attention particulière  à l’étanchéité à l’air est portée, pour plusieurs raisons:

– La maison étant passive, les éventuelles fuites ou entrée d’air ont proportionnellement plus d’importance que dans une maison moins économe.

-Chaque fuite peut se caractériser par une condensation dans l’épaisseur du mur ou du toit et générer un désordre.

-Enfin, le rendement de la VMC double flux est dépendant de cette bonne étanchéité à l’air.

Cette étanchéité est assurée par le film frein vapeur, par les enduits et des bandes spéciales aux jonctions enduits/frein vapeur.